Sibiu (03-08/01/2016)

Pour la suite de mon voyage, j’avais l’intention d’assister à la célébration de Noël chez les Hutsuls en Ukraine, mais le manque de contact de l’autre côté de la frontière et le mauvais système de communication en cette saison m’ont dissuadés. J’avais aussi l’envie d’aller dans les Apuseni (les Carpates occidentales, Roumanie) mais encore une fois, cela n’a pas pu se réaliser. La troisième option que me propose Pascal, c’est d’aller dans la région de Sibiu en Transylvanie, « pays de la forêt », où l’on trouve une grande communauté hongroise qui ont occupé un temps cette partie de la Roumanie, et aussi des Allemands.

En parlant d’ethnie, saviez-vous qu’au Parlement roumain, la chambre représentative du peuple, toutes les minorités ethniques, au nombre de dix-sept, sont représentées ?

Sur le chemin vers Sibiu, de nombreuses rivières sont partiellement ou totalement gelées. Peu à peu, l’architecture change. On y observe l’influence de la mémoire austro-hongroise. Les portails imposants en bois des Maramures sont bien loin, remplacés ici par de grandes portes cochères, toujours en bois, mais plus sobres.

Talmacel (7)

Les villages, très étirés autour d’une route principale dans le nord, sont plus regroupés autour de l’église comme chez nous, ici en Transylvanie.

Arrivé dans ma nouvelle pension, toute la famille est en train de dîner à 16h30. Je vous joins quelques photos de plats traditionnels.

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Je suis dans un village du nom d’Orlat, près de la fameuse Sibiu qui fut capitale culturelle européenne en 2007. Elle conserve très bien son héritage saxon et hongrois, spécialement dans son architecture. Pour se défendre des différents envahisseurs, elle s’est dotée de plusieurs remparts dont on peut admirer de beaux vestiges. Cette ville, bien que méconnue, mérite vraiment le détour.

Ancienne cité romaine, les Saxons s’y installent au XIIe siècle. Une partie de la population l’appelle toujours Hermannstadt. En 1241, elle subit l’invasion tatare et au XVe siècle, grâce à ses nombreuses fortifications, elle résiste à l’attaque turque. À l’époque des Habsbourg, Sibiu est le siège du gouvernement autrichien.

Le 3 janvier, je me rends à Sibiu pour visiter le centre historique. Le vent s’est levé et me ramène en plein visage les -16 de la journée. Cela tire horriblement la peau du visage. Néanmoins, je réussis à visiter, à observer les fortifications et les « yeux de Sibiu » qui sont de petites lucarnes en forme d’amande sur les toits, un peu dépité de trouver les musées fermés.

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Je suis invité à manger vers 16-17h chez la famille de mes hôtes dans la banlieue de Sibiu. Soudainement dans la soirée, on sonne à la porte. C’est un prêtre orthodoxe qui vient bénir la maison et ses habitants en les aspergeant d’eau bénite, à l’aide de plantes, pour la nouvelle année.

Visite d’Orlat – le village où je demeure – et le village de Sibiel.

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Sibiel est connu pour son musée d’icônes sur verre (Musée P. Zosim Oancea). Ce musée, à côté de l’église, comporte une collection majeure dans l’art religieux d’icônes en verre. La femme qui m’ouvre les portes du musée parle français et m’explique la technique : il est nécessaire dans un premier temps de dessiner sur du papier puis on le reproduit sur le verre en décalquant d’abord les contours puis les nuances de gris et enfin la couleur. Sur ces peintures religieuses, on retrouve souvent des symboles traditionnels, dont les personnages de la Bible vêtus d’habits traditionnels de la région. Dans ce petit musée à deux étages, il est aussi possible de voir des livres bibliques écrits en langue roumaine, mais en alphabet cyrillique. L’usage de l’écriture cyrillique en Roumanie s’est maintenu jusqu’au milieu du XIXe siècle.

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La petite église blanche de ce village comporte de magnifiques peintures murales du XVIIIe siècle qui ont été découvertes en 1965 sous cinq couches de chaux, lesquelles ont aidé à la conservation.

Un peu par hasard, je me rends à Talmacel, un village de 1 200 âmes au sud de Sibiu près de Talmaciu. Lorsque j’arrive à la gare de Talmaciu, c’est la fin de la messe en un jour un peu particulier pour les orthodoxes. Normalement, c’est aujourd’hui le Noël orthodoxe, mais tous ne le fêtent plus ce jour-là comme le prouvent mes précédentes expériences. Cependant, ce 6 janvier, les habitants de Talmaciu sortent de l’église en habits traditionnels dont le noir est mis à l’honneur sur un fond de vêtement blanc. Puis j’arrive, comme toujours en autostop, dans le village de Talmacel. Souvent, dans cette région, lorsque l’on traverse les campagnes, on aperçoit au loin dans la végétation statique de l’hiver, gardant fièrement son troupeau de brebis, un berger muni de son bâton et d’un énorme manteau blanc qui le distingue à peine de ses bêtes. En parcourant le village, on rencontre plusieurs vieux ponts en pierre.

Talmacel est muni d’une très jolie église du XVIIIe siècle, peinte à l’intérieur comme à l’extérieur.

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Je ne pensais pas qu’une aussi belle surprise viendrait clôturer mon voyage. En effet, le 7 janvier, mon dernier jour en Roumanie, dans le village de Talmacel, une tradition unique dans tout le pays se perpétue depuis des générations pour les fêtes de fin d’année. En même temps que la neige qui s’est remise à tomber, les familles se préparent. Nombreux se vêtissent du vêtement traditionnel dont le blanc et le noir prédominent. Les jeunes hommes de moins de 30 ans, en âge de se marier et qui ne le sont pas encore, aidés de leur famille, préparent un cheval décoré de mille feux : des sabots peints en rouge à la tête harnachée d’une coiffe surmontée de plumes de paon, de fleurs en papier et de toutes autres décorations  flamboyantes, en passant par la queue recouverte de guirlandes de Noël.

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Une charrette, tirée par deux bœufs, est aussi préparée. Sur celle-ci sont montés deux sapins décorés de tapis colorés avec beaucoup de rouge. Les plus jeunes enfants du village se mettent sur la charrette ; les filles au milieu et les garçons autour. Puis le cortège part du haut du village dans les chants et au son des grelots, des cloches et des musiciens. Nous descendons jusqu’à la rivière. Là, la tradition veut que les jeunes célibataires et les gens importants du village, en commençant par le pope, se fassent tremper les pieds dans l’eau. La rivière, bien que recouvrant peu à peu ses flots, est encore gelée sur plusieurs centimètres.

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Après ce baptême, nous nous rendons au centre du village et les habitants en costumes se mettent à danser en ronde, puis en couples.

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Enfin le cortège remonte le village toujours dans les chants, la musique, la joie et sous les flocons de neige qui ne nous ont pas quittés.

Talmacel (15)

Voici le premier périple Cultinera qui s’achève, en espérant que vous avez apprécié nous suivre et que vous avez ressenti, découvert autant que moi les traditions d’hiver de ce pays. Si vous avez des commentaires, des remarques, des suggestions, des propositions, n’hésitez pas à nous les faire, nous en sommes friands. Soutenez-nous ! Faites un don pour notre Crowdfunding qui nous permettra de rembourser notre matériel numérique qui nous permet d’être en contact avec vous, d’être vos yeux et vos oreilles pour la culture et les traditions.

Drum Bun et La Revedere !

Bon voyage et au revoir !

Auteur : Florian Karoubi

N.B. : Toutes les photos appartiennent à Cultinera et ne peuvent pas être réutilisées sans autorisation.

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