11. Iran : le nord du pays (3)

La province du Gilan

Nous partons de bonne heure pour la gare routière, direction Rasht, ville étape dans la région du Gilan. Dix heures de bus nous attendent pour traverser le pays jusque dans cette région du nord de l’Iran, à l’ouest de Téhéran, dans les montagnes qui longent la mer Caspienne. Nous découvrons le contraste de cette région du nord avec le reste du pays : ici, la végétation est verte et luxuriante, la chaleur n’en est pas moins humide, étouffante.

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Itinéraire du nord de l’Iran

Le Gilan est connu pour son importante production de thé et de riz. Province dynamique, très peuplée, à l’esprit plus rebelle que le reste du pays de par son histoire, cette région vaut le détour pour mieux comprendre les contrastes de l’Iran.

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Sur la route vers le nord

Nous sommes accueillis très chaleureusement par un jeune couple : Mohammad et Sogand dont l’enthousiasme fait chaud au cœur ! Sogand est chanteuse lyrique dans une chorale amateure mais les sons dont elle nous fait profiter sont d’une qualité professionnelle. Les quelques temps que nous passons avec eux sont merveilleux, fait de simplicité et de naturel, d’une joie de vivre exemplaire et d’un intérêt pour les autres cultures et les étrangers comme nous ne l’avions pas encore rencontré.

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Mohammad et Sogand

– Masouleh

Nous allons avec nos hôtes au village de Masouleh, à plus de 1000 mètres d’altitude. Le village du Xe siècle aux maisonnées de tons crème et ocre apparaît au détour d’un dernier virage, accroché à flanc de montagne. Ses toits-terrasses sont aujourd’hui autant arpentés par les touristes que par les locaux.

Sur la route pour revenir entre Rasht et Masouleh, nous passons par la petite ville de Fuman, connue pour sa pâtisserie traditionnelle, le koulouche, de l’apparence d’un pain au raisin, cette délicieuse mais simple galette est fourrée de noix et de cannelle. Humm !! Une belle découverte culinaire pour laquelle on peut voir les hommes au travail les fabriquer dans leurs petites boulangeries ouvertes sur la rue.

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– Lahijan

Nous enchaînons ensuite avec la ville de Lahijan, au dynamisme typique de l’arrière-pays du Gilan. Sur le chemin, nous passons le long de rizières et de plantations de thé, typiques des cultures de la région.

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Rizières

Lahijan en tant que capitale du thé possède un musée du thé qui explique l’implantation du thé par un prince local dans sa région à la toute fin du XIXe siècle mais que nous n’aurons malheureusement pas la chance de découvrir.

Cette journée radieuse se termine par un restaurant traditionnel, dans la joie et la bonne humeur.

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Téhéran (Estelle)

Je quitte Florian pour Téhéran où j’ai mon avion de retour à Paris le lendemain.

Lieu stratégique de par sa position proche de la mer Caspienne, au carrefour de toutes les routes du pays et des pays alentours, sur l’ancienne route de la soie reliant Bagdad et l’Asie centrale, la ville est depuis longtemps un lieu de passage et de réunion. Sa population très dense, sa pollution, son architecture essentiellement moderne, ses activités nombreuses font d’elle une capitale en pleine mutation. À défaut de traditions, on trouve ici de nombreux musées qui expliquent l’histoire du pays. Mais aussi, l’intérêt de la ville est de mieux comprendre l’Iran d’aujourd’hui : une population qui se divise entre quartiers nord aisés et quartiers sud plus populaires, manifestant ses paradoxes entre envies de modernité et coutumes encore bien ancrées, comme l’expérience me l’a prouvé.

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Vue de Téhéran entourée de ses montagnes

Je suis hébergée par la famille d’un contact francophone, Amir, une famille du nord de la ville, très occidentalisée. De fait, le père, Hossein, a fait ses études d’architecture à Paris. La famille se rend régulièrement en France où elle a des liens. Cela se ressent dans leur mode de vie, que ce soit par les toilettes à l’occidentale (et non turques) ou encore par la nourriture : les spaghettis bolognaise côtoient les plats traditionnels à base de riz sans soucis de culture. Cela étant, leurs deux filles ont été élevées à l’iranienne. Ainsi, j’apprends que lorsqu’une jeune femme est en âge de se marier, le cas de l’aînée, elle est en droit de choisir son futur époux mais toute une série de règles imposent l’acceptation par la famille. Ainsi, l’élu doit être reçu, accompagné de ses parents, chez les parents de la jeune femme afin de faire sa demande. Ensuite, les parents de la jeune fille sont invités chez ceux du jeune homme afin de faire plus ample connaissance. Il est important que les familles s’accordent et s’entendent car, comme me l’explique Hossein, la conception de la famille iranienne est étendue et importante. Tout tourne autour, les événements familiaux sont nombreux et l’entente est donc essentielle : lorsqu’une famille s’élargit, c’est un peu le mariage de deux familles et non seulement de deux personnes. Lors de ces repas, il est aussi question d’argent ; un bon mariage est un mariage aisé…

Je pars à la découverte du cœur de Téhéran sur le peu de temps dont je dispose dans cette immense capitale bourdonnante. Dotée d’un bon réseau de transports publics, il n’en reste pas moins que la circulation y est compliquée avec ses treize millions d’habitants, et ce malgré les restrictions de certaines zones à certaines heures pour les voitures, afin de fluidifier le trafic.

Dans le métro, certains wagons sont réservés aux femmes et interdits aux hommes. Pour autant, une femme peut, si elle le souhaite ou ne s’en trouve pas indisposée, monter dans un wagon non réservé. Le métro est un vrai marché ambulant : de très nombreux vendeurs passent proposer autant des appareils électroniques que des sous-vêtements à vendre.

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Métro de Téhéran avec ses zones réservées aux femmes

À Téhéran, les femmes se permettent plus de libertés que dans les villes provinciales que nous avons déjà traversées. En effet, les foulards sont ici disposés comme des accessoires de mode. Leurs couleurs, comme celles des tuniques, sont variées, chatoyantes, à motifs même.

Je n’ai le temps que de visiter le quartier du bazar. Le bazar en lui-même, imposant d’extérieur, aux voûtes haut perchées, est un vrai dédale d’allées à s’y perdre… Je ne pousse pas l’aventure jusqu’au bout du labyrinthe. Cependant, j’ai le temps de remarquer l’organisation du bazar, les boutiques étant rassemblées par domaine et par standing. Une véritable ville dans la ville !

Je prends ensuite le temps de visiter, juste à côté du bazar, le Palais du Golestan. Ce palais des roses (littéralement) rassemble en fait sept palais – où vécurent plusieurs familles royales – autour d’un jardin aux arbres élancés et aux bassins nombreux. Un havre de paix coloré dans la fourmilière poussiéreuse du quartier.

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Dans le Gilan (Florian)

Au moment où Estelle rejoint la capitale, Mohammad et Ahmed m’emmènent me baigner dans la mer Caspienne. Les voitures s’arrêtent directement sur le rivage. Peu de femmes sont présentes et pour celles qui le sont, elles doivent se baigner avec un pantalon, un t-shirt et un bonnet.

Le sable est marron, l’eau est parfaitement tiède ce qui me permet de m’engouffrer dans la mer, parmi les vagues, sans peine.

Ce soir-là un autre couchsurfeur arrive, Ignacio ; il nous explique que depuis plusieurs années il parcourt le monde à vélo accompagné de ses 35 kgs de bagage disposés minutieusement en équilibre sur son vélo. Mes questions fusent sur cette vie nomade. Pour vivre, il fait des traductions et donne des cours de langue à distance. Une bonne alternative pour vivre autrement !

Puis arrive le dernier jour en Iran. Avec le moral tombant dans les chaussettes, nous essayons de vivre nos derniers moments ensemble du mieux que nous pouvons. Nous allons visiter un musée en plein air où l’on trouve des maisons traditionnelles en bois de toute la région du Gilan.

La peine dans l’âme, le soir nous nous quittons sur le quai du bus pour que je parte rejoindre la frontière arménienne où l’aventure continue encore pour deux dernières semaines.

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Auteurs : Estelle Pautret et Florian Karoubi

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N.B: les photographies sont la propriété de Cultinera et toute reproduction est interdite sans autorisation préalable.

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