À peine rentré de mon périple en Ukraine, me voilà la tête dans le guidon. Le Gala de la Francophonie demande quelques préparations et je me retrouve le jour J à présenter et animer 4 danses traditionnelles de pays liés à la Francophonie, en 25 minutes, tout ceci directement sur scène devant une assemblée.
Cette année, la fête de Pâques catholique tombe en même temps que Pessa’h, la Pâque juive qui, plutôt que de commémorer la résurrection du Christ comme les chrétiens, commémore la libération du peuple d’Israël et la sortie d’Égypte. Sandra, une nouvelle copine rencontrée lors de de ma présentation à la médiathèque française, m’enjoint à y aller. Je me soumets à l’ensemble des rites qui rappelle l’histoire du peuple juif. Pour l’occasion des 70 ans de la création de l’État d’Israël, nous chantons l’hymne israélien.
La semaine suivante, avec Alena, nous partons pour la région de Brest qui se situe au sud-ouest du pays. Nous allons voir comment se célèbre Pâques chez les Orthodoxes dans un village biélorusse.
Nous partons le samedi après-midi en voiture avec des connaissances d’Alena. Cette journée est l’un des premiers jours de printemps avec un soleil radieux, haut et fier de montrer ses rayons. Je m’expose à lui autant que je le peux. J’ai l’impression d’être un véritable tournesol qui ne veut pas manquer un seul rayon. Ce comportement insatiable de lumière continuera les jours suivants, à tel point que je me pose des questions sur ce comportement. Je pense, tout simplement, que je ne me suis pas rendu compte que cela faisait cinq mois que je vivais avec trop peu de lumière et de chaleur naturelle par rapport à ce que mon corps avait l’habitude de consommer.
Un petit bébé de 4 mois du nom de Sergei fait partie de l’expédition. Il nous regarde de ses grands yeux bleus et nous sourit. La famille nous dépose dans le village de Бездеж, Biezdziez, alors que la nuit est bien installée. Nous nous échappons de la voiture et un ciel criblé de mille étoiles nous offre un spectacle magnifique. Nous allons dormir une nuit dans une maison du musée ethnographique. L’homme qui nous y installe nous offre en cadeau de bienvenue du сало, salo, de la graisse de porc. Puis nous décidons de faire un petit tour vers l’église. Nous arrivons au moment où tout le monde sort de l’édifice religieux précédé du cortège ecclésiastique pour faire trois fois le tour de l’église en chantant sous les cloches qui sonnent à toute volée.
Le lendemain, nous rendons visite à deux petites бабушки, babouchki, les petites mamies ; elles nous montrent leurs costumes, leurs broderies, nous racontent leur histoire, nous chantent quelques chants puis nous invitent à partager le repas de fête. Heureusement que je n’ai pas pris de petit déjeuner, jusqu’à 3 heures de l’après-midi nous mangeons 3 fois. Tant de nourriture faite maison, d’une très bonne qualité, et bien sûr offerte avec tant de bonté et de bienveillance ! Elles ne veulent pas que nous repartions les mains vides et nous offrent des bocaux de cornichons et de tomates.
(c) Les photos de Biezdziez sont d’Alena Prosharova
Le village est en fête, une estrade est dressée. Le dernier office religieux laisse place aux chants et à la danse.
On nous dépose près de la rivière qui traverse la ville de Brest, aux dernières lueurs de la journée ; quelques groupes de personnes, amis et amoureux, tardent sur le banc de sable de la rive. Les deux nuits qui suivent, nous les passons dans la ville de Brest. Eh oui, Brest ne se trouve pas qu’en France ! Un ami architecte d’Alena nous offre le gîte.
Nous nous rendons à Kamianets avec un sculpteur, puis dans la réserve naturelle de B. Pusha où nous voyons des animaux endémiques, dont des bisons d’Europe. Il faut savoir qu’au Belarus on trouve la plus grande population de bisons d’Europe qui ont failli disparaître, ainsi qu’une partie des dernières forêts primaires. Je suis un peu triste de voir les animaux dans des cages…
D’autres amis nous prennent au vol pour un autre village et faire une fête. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe, mais vers la fin de la soirée avec tout le monde réuni autour d’une table garnie, une chaleur différente de celle du jour emplit la salle, douce et simple. J’ai l’impression de ressentir ce que je ressens lorsque je regarde un film slave. Un don, un abandon, être ensemble dans la joie simple et réciproque. Ce voyage fut pour moi l’un des plus marquants.
Pour les remercier, je leur transmets quelques danses françaises et encore une fois, ils m’offrent des zefires, une spécialité sucrée.
J’entends parler d’un groupe de danses arméniennes. Intéressé de voir d’autres types de danse je m’y rends. Ils insistent pour que je danse avec eux et veulent que je participe avec eux à un festival de danses folkloriques qui aura lieu en juin pour représenter l’Arménie. En dépit de mon emploi du temps qui tend à s’effondrer d’une minute à l’autre, je ne peux pas laisser passer cette opportunité, j’accepte ! Être recruté dans un groupe de danses arméniennes en Biélorussie, c’est fait !
Auteur : Florian Karoubi
N.B. : les photos appartiennent à Cultinera et ne peuvent être reproduites sans autorisation.
Une réflexion sur « Brest, une ville belle et bien biélorusse »