La bannière de Mawangdui, une œuvre d’art aux origines du Qi Gong

Mawangdui est un site archéologique chinois exceptionnel datant des Hans occidentaux (IIe siècle av. J.-C.), découvert en 1972 dans la ville de Chang Sha, dans la province du Hunan. L’ensemble des tombes et objets découverts étaient non seulement dans un état de conservation rarissime, mais aussi d’une richesse et d’un intérêt notoires de par leur contenu. Notamment, nous allons nous pencher sur un objet d’art qui serait le plus ancien support documentant une pratique de gymnastique douce que les Chinois pratiquent souvent dans les parcs avec une sérénité qui semble les isoler de l’agitation ambiante : le Qi Gong.

Dans le tombeau de la marquise plus spécifiquement, les archéologues ont mis au jour près de 1400 objets d’art en excellent état de conservation dont une vingtaine de manuscrits anciens sur support de bambou ou de soie. Parmi ceux-ci se trouvaient des textes médicaux ; les plus anciens découverts à ce jour concernant la Médecine traditionnelle chinoise. On y trouve des textes d’acupuncture et des remèdes médicinaux pour traiter divers types de troubles. Mais aussi, une partie d’entre eux était consacrée au Daoyin (littéralement « conduire et étirer »), méthode dite de conduite de l’énergie interne par l’exercice physique, qu’on appelle aujourd’hui le Qi Gong, la gymnastique corporelle chinoise.

Un objet d’art

Parmi les textes sur soie, qu’on appelle des bannières pour leur forme, on en distingue une qui a intéressé particulièrement les maîtres et pratiquants de Qi Gong.

Cette bannière est une étoffe de soie qui mesure 140 cm sur 50 cm, peinte en couleurs. Elle représente 44 dessins d’hommes et de femmes illustrant des mouvements, tous différents. Ce sont une succession de 14 mouvements d’ouverture et de fermeture d’un enchainement spécifique, alternant entre mouvements ascendants et descendants, d’étirement et de relâchement.

De cette peinture, des chercheurs et Maîtres de Qi gong ont créé une première version d’une série de 44 postures, non forcément enchaînées, mais dont l’ensemble permet un travail global de l’ensemble du corps. Puis l’association de Qi gong pour la santé de Chine a créé un enchaînement de 12 postures, aujourd’hui connu comme le « daoyin de mawangdui » ou « Qi Gong de Mawangdui ».

Cette bannière est devenue mondialement connue, car elle représente les plus anciens mouvements de Qi Gong documentés. Son succès est aussi dû à la simplicité et à l’efficacité de ses mouvements, qui alternent entre mouvements tendus et détendus, pour entretenir la santé et augmenter sa forme, en travaillant la stabilité et la résistance du corps, ainsi que pour harmoniser le corps et l’esprit.

Les vertus du Qi Gong, pratique préventive de santé :

Le Qi Gong apporte le respect, la maîtrise et l’écoute de son corps par la répétition de mouvements lents, fluides et réguliers. Ils sont accompagnés de la respiration qui a une influence bénéfique sur l’ensemble de l’organisme puisqu’elle permet d’équilibrer les liquides qui composent l’être humain et l’énergie, d’apaiser l’esprit et de relaxer le corps.

Cela permet aussi de cultiver la conscience et l’attention de l’esprit et du corps et de vivre dans l’instant.

Ainsi, dans la pratique du Qi Gong, l’objectif est de travailler la structure du corps (os et muscles) pour que l’énergie et le souffle circulent avec fluidité. Ces mouvements sont ainsi en rapport avec les principes fondateurs de la Médecine traditionnelle chinoise :

Harmoniser l’être humain avec la nature qui l’entoure : les saisons, les animaux et le principe d’équilibre yin-yang (forces féminines et masculines, de relâchement et de dynamisme qui se trouve dans tout élément)
Harmoniser la nature humaine, à savoir que la santé de l’organisme repose sur l’équilibre interne des 5 éléments (Bois, Feu, Terre, Air, Eau) et des 5 organes majeurs (Foie, Cœur, Rate-Pancréas, Poumons, Reins), liés aux émotions qui leur sont respectivement attachées (colère, joie, anxiété, tristesse, peur).
- Ces mouvements permettent effectivement de stimuler et de renforcer les 5 organes à travers le pivotement, fléchissement et étirement des membres et du tronc.
L’énergie de vie qui anime tout être humain, le Qi ou « souffle vital », circule à travers des circuits appelés méridiens ; ce qui a pour effet de réguler le souffle et le sang, d’équilibrer et de renforcer le corps tout en nourrissant le sang.

Détails des mouvements et explications de la bannière

En observant le détail des postures du Qi Gong de Mawangdui, on peut voir la recherche d’équilibre des différents éléments cités ci-dessus comme principes fondateurs de la santé telle qu’elle est perçue par la Médecine traditionnelle chinoise : le lien avec la nature et les animaux (par les noms des postures), le rôle des organes en synergie par la stimulation de l’un ou de l’autre dans chaque posture, l’équilibre des forces Yin et Yang.

Nom du mouvement Nom Méridien stimulé Yin /yang

Bander l’arc Wangong poumon yin
Étirer le dos Yinbei gros intestin yang
Le bain du canard sauvage Fuyu estomac yang
Le dragon escalade Longdeng rate yin
l’oiseau se penche vers l’avant Niaoshen cœur yin
Étirer l’abdomen Yinfu intestin grêle yang
Le hibou regarde au loin Chishi vessie yang
Étirer la taille Yinyao rein yin
Le vol de l’oie sauvage Yanfei maître cœur yin
La danse de la grue Hewu triple réchauffeur yang
Expirer vers le ciel Yanghu vésicule biliaire yang
Faire de l’ombrage Zheyin foie yin

Pour mieux comprendre encore comment ce Qi Gong permet l’équilibre du corps et de l’esprit et de l’harmonie de ses mouvements, n’hésitez pas à observer l’enchainement ICI, et même à le vivre en suivant vous-même les postures présentées.

Auteur : Estelle Pautret

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